Suite aux actions entreprises l’an dernier par l’équipe de Beaumont-lès-Valence pour dénoncer la mise en place de la réforme du choc des savoirs et ses conséquences , Mme la Rectrice a décidé de se déplacer au collège Marcelle Rivier, accompagnée de 3 autres collaborateurs en plus du DASEN de la Drôme afin d’échanger avec les professeurs.
Notre journée a commencé par le laïus classique de la pré-rentrée avec les taux de réussites au brevet, l’affectation des élèves en seconde ainsi qu’un plaidoyer pour le pacte avec les arguments habituels : c’est dommage de rendre ces heures, alors que les professeurs pourraient être mieux rémunérés. Nous en avons profité pour redire que le pacte n’est pas une revalorisation et que nous voulons une augmentation de salaire sans contrepartie…
Le Choc des Savoirs
En guise de préambule, Mme la rectrice a expliqué que nous vivions une situation politique inédite avec une ministre démissionnaire toujours en place mais que cette dernière restait aux commandes de la préparation de cette rentrée. Dans notre académie, il manque du monde dans certaines zones excentrées ou frontalières mais beaucoup moins que dans d’autres académies de la région parisienne, ne nous inquiétons donc pas outre-mesure.
Concernant le choc des savoirs, elle a précisé que depuis le début dans l’académie, on parle de groupes de besoins, pas de niveau et qu’il n’est pas question de trier les élèves. Faut-il redire qu’il s’agit là du plus haut degré de la langue de bois et que les élèves à besoins sont ceux qui ont des difficultés ?
Elle a ensuite valorisé les journées de formation où d’après elle nos inspecteurs nous ont donné tous les outils pour évaluer les besoins des élèves. Pour rappel, ces journées de « formation » ont été en parties réalisées à distance, où nous ne pouvions parler de nos inquiétudes. Il fallait être en effet « constructifs », et « pratiques ».
Lors des journées en présentiel, la seule chose que les inspecteurs nous ont proposé a été une magnifique présentation dont ils n’avaient même pas changé la date pour nous vanter les mérites de la différenciation, ce qui n’avait pas de sens puisque nous sommes censés avoir des groupes homogènes….
Puisque même d’après Mme le rectrice : ” on sait tous que travailler avec moins d’élèves, c’est plus facile”, nous lui avons demandé pourquoi on ne généralisait pas à l’ensemble des disciplines avec des classes à 23 élèves maximum. Elle a rétorqué que la phrase était sortie du contexte, comme le font les journalistes qu’elle a critiqués un peu plus tôt et qui, selon elle, racontent n’importe quoi. Elle parlait d’avoir moins d’élèves dans le cadre de la différenciation (qui n’a aucun sens, si nous faisons des groupes.)
Elle a poursuivi avec une apologie du dispositif Apprenance qui va tous nous sauver. Je tiens à rappeler ici que tout ce qui est mis en place dans ce cadre est fait en tutorat, c’est à dire un prof pour un élève….
Une collègue est ensuite intervenue pour dire que les enfants avaient besoin de stabilité et de repères et que les changements de groupes, de copains, de profs au cours de l’année pouvaient les perturber.
Pas d’inquiétude, Mme la rectrice a la solution miracle : le travail en équipes ! On fait tous la même chose, on met tous le même cadre et hop c’est gagné. Il n’y a d’ailleurs pas de surcharge de travail car on peut se partager les tâches puisqu’on fait tous pareil !
Crise de recrutement
Nous sommes intervenus également pour rappeler les 1142 postes non pourvus au concours, la crise de recrutement, les 158 441 élèves en plus depuis 2006 avec pourtant 27 645 emplois en moins.
Elle a répondu que le recrutement était un des chantiers du ministère et qu’il y avait eu des avancées sur les salaires notamment des débuts de carrières (d’après elle, c’est bien du salaire et il n’y a pas de prime : mensonge n°1). Elle prétend ne rien pouvoir pour l’attractivité du métier, ce n’est pas entre ses mains. D’ailleurs nos fins de carrière sont comparables aux pays voisins, les problèmes sont plutôt en milieu de carrière, où même elle n’a pu que reconnaître qu’il y a un réel décrochage.
Le concours national est un autre obstacle selon elle aux vocations : les chiffres sont bien meilleurs dans le premier degré (mensonge n°2, puisque le CRPE dont la rectrice avait perdu le nom, n’a pas fait le plein depuis 2013).
Conditions de travail et précarité des personnels
Des collègues TZR sont intervenus pour signaler leurs difficultés, ainsi que celles des collègues sur plusieurs établissements. Ils ont souligné le manque d’interlocuteurs, le fait de passer après les contractuels pour les affectations à l’année… Mme la rectrice a minimisé : d’après elle seulement 2% sont concernés par des affectations sur plusieurs établissements. Elle a reconnu qu’au rectorat aussi, ils avaient des difficultés à recruter des gestionnaires mais qu’elle avait à cœur d’améliorer la qualité du relationnel avec les personnels enseignants.
Vous l’aurez compris, le rectorat de l’académie de Grenoble ressemble au monde des Bisounours et nous sommes tous de méchants professeurs qui râlent pour rien et qui n’écoutent pas la bonne parole. A nous de nous mobiliser, et de continuer le combat avec la FSU.
Pour le S2 26, FAURE Sandrine