J.-M. BLANQUER : MINISTRE DES FAKE-NEWS

12 millions d’élèves reprennent le chemin de l’école après 6 mois d’interruption et rien n’a changé. Avec Jean-Michel Blanquer en vedette, c’est la saison 2 de l’impréparation et de l’esbrouffe médiatique.

Tel un Trump privé de sa mèche, le Ministre répète à l’envi comme un mantra : “Tout est prêt”, “Nous sommes les meilleurs en Europe dans la gestion de la crise sanitaire à l’école”. Et les médias, à de rares exceptions, ne viennent démentir les mensonges de Blanquer.

Non, le SNES-FSU le redit, le Ministère n’est pas à la hauteur des enjeux sanitaires : l’allègement du protocole de juillet, réécrit à la veille de la rentrée, brouille le message et fait craindre que les mesures n’empêchent pas la circulation du virus. Rien n’est fait pour limiter le brassage des écoliers dans les cours de récréation ou celui des lycéens, obligés par la réforme du lycée de changer régulièrement de groupe en fonction des spécialités choisies. Rien n’est clair pour protéger les personnels vulnérables, en raison du manque d’anticipation.

Le Ministre lui-même ajoute le mépris aux difficultés des familles populaires en considérant le masque comme une fourniture scolaire comme une autre. Dans quel monde vit-il pour ignorer le coût de l’obligation d’acheter des masques ? De quelles œillères idéologiques est-il muni pour ignorer la demande de gratuité portée notamment par le SNES et la FCPE ?

Au-delà de l’enjeu sanitaire, cette rentrée pose de façon criante la question des inégalités scolaires et sociales. Or le Ministre n’y apporte pas de réponse et surtout ne veut pas en apporter.

Les solutions vantées par J.-M. Blanquer lors du confinement sont des leurres : recours au numérique, vacances apprenantes, dispositif 2S2C (sport, santé, culture, civisme) car dans le même temps les suppressions de postes sont maintenues dans le Second Degré général, technologique et professionnel.

Pire, à cette rentrée où les étudiants sont les grands oubliés, il refuse d’engager les moyens humains et financiers nécessaires, alors qu’une manne sans contreparties est déversée sur les grandes entreprises qui en profitent pour licencier ! Il ne recrute pas de personnels supplémentaires, alors que l’Italie crée 50 000 postes pour faire face aux conséquences de la crise. Donc, rien n’est fait pour mieux encadrer les élèves les plus fragiles. Il faudra donc se débrouiller avec toujours plus d’heures supplémentaires mais sans aucun renfort supplémentaire de profs, d’infirmières, d’assistantes sociales, de CPE, d’AVS, d’AED qui auraient pu renforcer les équipes pluridisciplinaires.

Comble du cynisme, sous couvert d’urgence sanitaire, on assiste à une accélération de la mise en place d’une école libérale : évaluations permanentes, baccalauréat toujours plus local, religion du tout-apprentissage. Les masques tombent : J.-M. Blanquer est bien le Ministre du tri social.

Par ailleurs, la situation sur le terrain risque de se révéler plus grave encore : manque de TZR, déficit de 9% aux concours du Second degré, nominations tardives des stagiaires et mutations perturbées par la disparation du paritarisme. Et ce n’est pas la perspective d’un Grenelle des professeurs qui va susciter des vocations, la revalorisation salariale de 400 millions d’euros, déjà en baisse de 100 millions, s’avérant insuffisante et consistant en primes au mérite. Ce Grenelle risque d’être un nouveau Ségur !

Nous allons donc devoir nous retrousser les manches, et ce dès le 17 septembre, journée d’action interprofessionnelle que soutient la FSU, pour atteindre ce double objectif : protéger la jeunesse du virus et promouvoir une école émancipatrice.

Jean-Louis Mollard

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